On entend souvent tout et n’importe quoi en matière d’isolation phonique des fenêtres. Pour mieux appréhender vos futurs travaux ou pour savoir comment se diffuse le bruit dans un appartement, nous avons demandé conseil à Philippe Drouant, concessionnaire Tryba à Paris et spécialiste dans la pose de fenêtres, volets et stores.
Dans quelle mesure peut-on réduire le bruit dans un appartement ou une maison?
Tout d’abord, il faut savoir qu’on parle d’affaiblissement acoustique parce qu’il est impossible de n’avoir aucun bruit dans un lieu de vie. La zone d’inconfort commence au-delà de 80 décibels. Pour vous donner une idée, lorsque vous parlez au téléphone avec quelqu’un, cela équivaut à 75 décibels. Donc, si dans votre chambre à coucher, vous entendez des bruits de rue aussi forts que lorsque vous avez une conversation téléphonique, c’est insupportable. Dès l’instant qu’on tombe à 65-70 décibels, il y aura toujours des bruits que l’oreille perçoit mais ces derniers ne seront pas gênants pour vivre au quotidien ni pour dormir. Si votre appartement possède une fenêtre qui donne sur une rue passante, avec du trafic, vous pouvez ressentir jusqu’à 110 décibels dans votre appartement. Il faudra alors mettre une fenêtre avec un fort affaiblissement acoustique, qui permette d’affaiblir d’à peu près 40 décibels pour arriver à environ 70 décibels. En matière de menuiserie, on ne peut pas affirmer au client qu’il n’y aura plus de bruits puisqu’on ne change qu’une fenêtre. On ne refait pas les murs, la toiture, la cheminée ou les autres éléments qu’il faudrait changer pour une isolation optimale.
Comment améliorer les performances acoustiques des fenêtres ?
En termes d’affaiblissement acoustique, il y a deux choses importantes à prendre en compte. Premièrement, la loi de masse est inévitable. Plus un mur est lourd, plus il sera efficace contre le bruit. Sur une fenêtre, on va jouer sur le filtrage c’est-à-dire sur l’épaisseur du vitrage. Au lieu de mettre un vitrage de 4 millimètres dans un format standard, on va mettre un 6, 8, 10 ou 12 millimètres. Ainsi, on va multiplier par deux ou par trois le poids de la vitre, ce qui va augmenter considérablement la masse de la fenêtre, et améliorer l’affaiblissement acoustique. Dans un second temps, la loi des fréquences va permettre d’optimiser les matériaux dans lesquels sont fabriqués les fenêtres. Chaque matériau laisse passer certaines fréquences et en filtre d’autres. Il faut réussir à mixer les matériaux pour optimiser au maximum l’isolation de la fenêtre.
Concrètement, comment réalise-t-on ce genre de vitrage ?
Pour capter un maximum de fréquences, qui correspondent aux bruits de rue, il faut poser ce qu’on appelle des vitrages feuilletés, composés de vitres de plusieurs épaisseurs collées entre elles (un peu comme un pare-brise). Ces vitres vont avoir beaucoup plus de mal à transmettre le bruit de l’extérieur vers l’intérieur parce qu’elles rentrent beaucoup moins facilement en vibration. Par exemple, une vitre de 10 millimètres va beaucoup plus vibrée lors du passage d’un camion que deux vitres de 5 millimètres collées ensemble.
En dehors de la fabrication d’une fenêtre, quels sont les autres paramètres à prendre en compte pour une meilleure isolation ?
La qualité de la pose est essentielle. Un fabricant de fenêtres va toujours tester ses modèles dans les meilleures conditions, dans un caisson phonique ou dans un laboratoire. Mais lorsque cette fenêtre sera posée chez le client, elle n’aura plus les mêmes performances que celles qu’elles avaient lors de son test en usine.
Peut-on essayer d’améliorer l’isolation d’une fenêtre sans refaire entièrement l’ouverture ?
Non. Phoniquement, vous n’obtiendrez aucune performance en n’isolant qu’une partie de la fenêtre. Il faut impérativement faire la dépose totale des anciennes fenêtres et se reposer sur la pierre avec un scellement au plâtre, avec un matériau dur et donc lourd.
COORDONNEES
Philippe Drouant
Concessionnaire TRYBA à Paris
107, boulevard de Sébastopol 75002 Paris
67, rue de Maubeuge 75010 Paris
121, avenue Simon Bolivar 75019 Paris
26, avenue Gambetta 75020 Paris
Article rédigé par Katia Rimbert